La presse en guerre 1914-1918
L’esprit du projet :
Pendant toute la durée de Première Guerre mondiale, la censure, implacable,
veille à ce que la seule information donnée sur le déroulement de la guerre soit
celle des communiqués officiels diffusés trois fois par jour. L’information des
français est alors beaucoup plus proche de la propagande que de la vérité. Les
quotidiens (l’Intransigeant, le Petit Parisien, le Matin etc.) et les journaux à
caricatures sont les champions du « bourrage de crâne », exaltant le courage,
l’héroïsme et la bonne humeur des poilus opposés à la bestialité et à la lâcheté
des allemands. L’objectif est bien de rassurer les civils à l’arrière et
d’entretenir le patriotisme de guerre.
A l’opposé de cette presse écrite officielle certains journaux cherchant à
contourner la censure et à s’approcher de la vérité voient le jour. C’est le cas du
Canard enchaîné bien sûr dont le premier édito en septembre 1915 dénonce
l’outrageuse propagande de la presse officielle mais c’est aussi le cas de
plusieurs centaines de journaux des tranchées, écrits de la main des combattants,
multigraphiés à la pâte de gélatine et dont le contenu offre une vision
radicalement opposée à celle offerte par les quotidiens officiels.
Partant de cette situation duale de la presse en temps de guerre l’objectif
central du projet est de faire réfléchir les élèves aux notions de censure, de
propagande, de pluralité de la presse et de la liberté d’informer à travers la
réalisation complète d’un journal de guerre relatant « la vérité des tranchées » et
les grands événements de l’année 1917.
Les articles de l’Homme Tranché ont été entièrement écrit par les élèves en
reprenant tous les codes graphiques de l’époque pour s’approcher au plus près de
l’objet initial (qualité du papier, caractères typographiques, mise en page,
dessins de presse, articles factuels, encadrés blanc laissés par la censure,
publicités etc.)
L’Homme Tranché a fait l’objet d’une impression à plusieurs centaines d’exemplaires
dans l’atelier de l’association APO et en présence des élèves. Au delà des
objectifs historiques et littéraires il s’agit aussi d’offrir aux élèves la
possibilité de découvrir une technique professionnelle et industrielle d’impression
normalement réservée à des professionnels, d’approcher et d’observer tous les
métiers de la chaîne de « l’objet imprimé » ( designeur, typographe, imprimeur
etc..). A l’heure du tout numérique il nous paraît essentiel que les jeunes
générations puissent rester en contact avec des techniques et des formes
d’impression contemporaines qui ont fait les heures de gloire de la presse écrite
depuis les années 1960.

L’association APO :
Créée par un groupe d’artistes et de designers passionnés par l’objet imprimé,
l’Association Presse Offset (APO) se veut un projet inédit, répondant à un désir et
à un besoin d’indépendance dans la production éditoriale contemporaine. Le projet
d’association a pour objectif la création d’un atelier d’impression afin de
proposer aux créateurs et à divers acteurs du monde de la culture et de
l’enseignement d’investir la technique d’impression offset et de prendre en main
l’intégralité du processus de production d’un imprimé. Roman Seban, professeur aux
Beaux Arts de Lorient et membre fondateur de l’association a supervisé toute la
partie technique et graphique du projet.

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